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Industrie : le plan des ETI pour relancer le made in France

Sources Les Echos.fr par Marion Kindermans – 18/04/25

Le METI propose un plan des ETI pour relancer le made in France et demande des aménagements réglementaires, fiscaux et financiers. Avec le management stratégiques des coûts, ABV Group accompagne les ETI pour dégager des ressources nécessaires.. 

Les entreprises de taille intermédiaires (ETI) veulent apporter leur pierre à l’édifice. Alors que les débats battent leur plein sur l’urgence de lutter contre une réindustrialisation en rade, ces sociétés de plus de 250 salariés, à mi-chemin entre grands groupes et PME, dégainent leurs solutions clés, dans un rapport révélé par « Les Echos » et qui sera officiellement publié dans quelques semaines. Elles ont leur mot à dire sur le sujet : sur les 6.200 ETI, plus de la moitié sont impliquées dans des activités industrielles – dont la majorité hors d’Ile-de-France – et elles représentent 35 % des emplois industriels.

Commandité par le Mouvement des entreprises intermédiaires (Meti), et réalisé avec l’appui d’Olivier Lluansi, enseignant à l’Ecole des mines de Paris et expert reconnu sur les questions industrielles, le rapport, « Produire et travailler en France », pointe quinze priorités pour « restaurer le socle industriel français ». Le document sera complété le mois prochain par un chiffrage économique et budgétaire des actions établi par l’institut Rexecode.

L’erreur a été de tout miser sur les innovations de rupture et d’oublier le potentiel caché des territoires.

Olivier LLuansi, enseignant à l’Ecole des mines de Paris

Il y a urgence à inverser la tendance. Le Premier ministre, François Bayrou, l’a martelé mardi lors de son discours sur l’état des finances publiques : « Une politique de réindustrialisation doit devenir une obsession. » « On a connu un certain printemps de la réindustrialisation en 2021-2022 mais, depuis, les principaux indicateurs montrent qu’on est en recul », explique Olivier Lluansi : « Pour y remédier, il n’y a pas une seule solution magique, mais plusieurs à mettre en place en même temps. »

Fonds régionaux

Le rapport reprend des mesures clés que l’expert a égrenées ces derniers mois, lors d’auditions au Sénat ou à l’Assemblée nationale : libérer du foncier industriel, dont les besoins sont estimés de 20.000 à 30.000 hectares en dix ans, en dotant davantage le fonds de réhabilitation des friches et en accordant aux préfets un droit de dérogation pendant deux ans à la loi zéro artificialisation nette ; agir sur les compétences, alors que sur les 125.000 jeunes formés chaque année dans l’industrie, 50 % s’orientent in fine vers d’autres secteurs ; s’attaquer au prix de l’énergie, « quatre à cinq fois plus cher qu’aux Etats-Unis », qui continue à plomber les industriels.

Autre préconisation : favoriser le financement des PME-ETI, souvent moins bien loties que les gros. L’idée est de s’appuyer sur les nombreux fonds régionaux, pour attirer l’épargne des Français et l’orienter vers l’industrie. « Certaines régions comme les Hauts-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et la Bretagne, en ont mis en place, mais ils plafonnent à une centaine de millions d’euros ; il faudrait passer à un milliard », dit-il.

Le rapport pointe le levier de la commande publique qui, en fléchant davantage vers le made in France, permettrait de rapporter « 15 milliards aux PME-ETI ». Le problème des directives européennes qui empêchent d’inscrire la préférence nationale ? « Les Allemands et les Italiens le font bien, ce n’est pas qu’ils s’affranchissent des textes, mais ils en font une autre interprétation ; nous avons en France une application très rigoriste », balaie Olivier Lluansi.

Dans la veine des demandes habituelles du Meti, le document prône aussi un allégement de la fiscalité : s’aligner sur la moyenne européenne en matière de transmission des entreprises, baisser le coût du travail, notamment sur les emplois qualifiés, et poursuivre la baisse des impôts de production. Une bataille de longue date pour les ETI.

« Gros potentiel »

Olivier Lluansi, ancien délégué interministériel aux Territoires d’industrie, plaide depuis longtemps pour que les efforts soient menés en priorité sur les PME et ETI. « Le plus gros potentiel de réindustrialisation vient de la modernisation de ce tissu. L’erreur a été de tout miser sur les innovations de rupture et d’oublier le potentiel caché des territoires », analyse-t-il.

Ce sont ces entreprises qui peinent le plus face à la complexité administrative. Pour lutter contre la surcharge réglementaire, véritable serpent de mer, le rapport préconise d’accorder des dérogations aux préfets pour motif « d’intérêt régional » ou des « moratoires normatifs » de deux ans. Ou encore de créer un « Code de l’industrie », qui regrouperait et simplifierait les réglementations du secteur.

Car, malgré des efforts faits pour simplifier l’installation des usines, de nombreux dirigeants se heurtent encore aux méandres de la machine administrative. Naturopera, le spécialiste français des produits d’hygiène naturels, avait par exemple choisi un bâtiment logistique existant pour réinternaliser la fabrication de ses couches écologiques, à Bully-les-Mines, dans le Pas-de-Calais. « Il a fallu changer l’affectation du bâtiment. L’enquête publique a duré un an, jusqu’en septembre 2022 », témoignent Geoffroy Blondel de Joigny et Kilian O’Neill, les cofondateurs de la société. Une période « d’incertitude », sans garantie d’obtenir les autorisations, durant laquelle il a fallu investir, installer les machines, et former les futurs salariés.

Les méandres de la machine administrative, Paul Burger, directeur général de Burger & Cie, installé à Lièpvre, dans le Haut-Rhin, les a bien connues, lui aussi. En 2021, le patron de l’ETI spécialisée dans la fabrication de garde-corps et de systèmes de fixation pour terrasse en bois, a dû patienter pour créer sa nouvelle usine. Six mois d’instruction du permis de construire, avec des allers-retours réguliers sur la plateforme dématérialisée. Puis plusieurs semaines à monter un dossier loi sur l’eau, « alors même qu’on avait obtenu le permis ». Et, enfin, les services de lutte anti-incendie, qui ont exigé des modifications des installations. « Le problème, c’est le manque de justification des décisions et d’accompagnement », regrette le dirigeant.

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